
LA STATION AUTONOME POWIDIAN VISE UN MARCHÉ MONDIAL
Adieu le générateur au diesel, bonjour le groupe électrogène « propre ». Il se trouve chez PowiDian, une start-up essaimée d’Airbus Defence & Space que des investisseurs avisés ont manifestement repérée.
Coté capital, Powidian a en effet levé 2,3M€ en décembre 2014, en provenance de la société de gestion Xerys – qui reste minoritaire – et 1,4M€ sous forme de prêts et subventions de Bpifrance et d’un fonds régional. Ces mentors financiers semblent avoir été plus que sensibles aux perspectives ouvertes par la station autonome de Powidian – un acronyme qui veut dire POW In all meriDIANs.
Déjà en service
Ce dispositif de production d’énergie en lieu isolé est alimenté par la source d’énergie la plus accessible localement (soleil, vent, géothermie, bois…) : il est équipé d’un stockage batterie ou hydrogène et doté de pas mal d’intelligence logicielle. La station n’est plus en phase de R&D et peut déjà être commercialisée – elle est en service au refuge du Col du Palet dans le Parc de la Vanoise – et la société, basée à Tours (37) et Elancourt (78), bénéficie déjà d’un accord commercial avec le groupe Airbus. C’est bien entendu là que l’histoire devient intéressante pour les investisseurs. Le marché de Powidian est loin de se cantonner aux refuges des massifs montagneux. « Dans bon nombre de territoires situés dans les pays émergents, l’accès à l’électricité va sauter un grand pas : du désert, on va passer au micro grid, sans transiter par un réseau centralisé. Ce marché est mondial et nous pensons que Powidian a l’envergure pour y opérer », estime Alexandre Héraud, analyste et chargé d’affaires de Xerys.
Versions civiles et militaires
Ce marché, le cofondateur et copropriétaire de Powidian, Pierre Langer, l’estime à 12 Mds$ au niveau mondial et le caractérise par sa diversité : « Pour le moment, nous visons les réseaux de télécom, l’Oil & Gas, le résidentiel isolé, les îles et les parcs nationaux, les exploitations piscicoles en mer, les pompes rurales dans les pays en voie de développement… Sans oublier le secteur militaire, qui entame des programmes de réduction des dépenses énergétiques ». Les militaires ont, de toute façon, quelques atomes crochus avec Powidian : la technologie du second est inspirée par les recherches des premiers autour de la PMR (Private Mobile Radio), ces réseaux radios autonomes et sécurisés des armées et forces de police. Côté prix, la station Powidian n’est pas donnée : deux à quatre fois plus cher qu’un générateur diesel sans qu’un prix soit rendu public par le fabricant, car les configurations peuvent être variables. Mais attention aux apparences : sur plusieurs années, selon Pierre Langer, l’utilisateur profite de grosses économies d’énergie et de maintenance. Sous cet angle, celui de la durabilité, la solution serait des plus avantageuses.
Autonomie totale
Le système affiche en effet une différence fondamentale avec ses prédécesseurs : il se recharge tout seul et peut donc, en théorie, durer très longtemps. A cet égard, il est directement inspiré des résultats des deux programmes de recherche européens Renersta (RENewable Energy STAtion) et Rhyta…. Le stockage court est assumé par une batterie Li-Ion de Saft. Le stockage sur plusieurs semaines est pour sa part confié à l’hydrogène, produit par électrolyse sur place lorsqu’il y a du courant. Le gaz est stocké dans un petit volume grâce aux hydrures métalliques, cette technologie qui a justement été explorée par Rhyta. Le tout est géré automatiquement, par une intelligence embarquée qui est un des vrais plus de l’ensemble. Pour simplifier, disons que la station est capable d’interpréter les données climat et météo, mais aussi les données de consommation, pour configurer son propre programme de production d’énergie et de stockage et accepte aussi une programmation à longue distance, cryptée si besoin.
Couteau suisse haut de gamme
Alimenté au choix par les différentes EnR, stockeuse, bien équipée en logiciels, la station Powidian a un petit côté couteau suisse de luxe qui doit beaucoup à l’associé de Pierre Langer, Jean-Marie Bourgeais. Cet ingénieur a voulu fabriquer la station idéale, à l’aise partout et tout le temps, à un coût lui-même adaptable aux capacités du client. Selon Pierre Langer, cette souplesse est la vraie spécificité du produit : « Nos concurrents disposent d’équipements énergétiques, par exemple des piles à combustible ou des hydroliennes. Mais aucun ne fournit une station configurable façon kit ». Le couteau suisse Powidian pourrait bien faire parler de lui sous diverses latitudes dans les années à venir. D’ores et déjà, les investisseurs envisagent de remettre au pot rapidement, à hauteur de quelques centaines de milliers d’euros.
› Auteur : Jean-Philippe Pié
› Date : 18/09/2015
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› Source : Green Univers